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MEET JUSTINE : hypersensibilité, eczéma, héritage maternel et force intérieure

MEET JUSTINE : hypersensibilité, eczéma, héritage maternel et force intérieure

Justine vit avec de l’eczéma depuis l’enfance. Longtemps, elle a cru que sa sensibilité faisait d’elle quelqu’un de faible.
Jusqu’au jour elle a compris toute la force que ça demandait.
Un témoignage puissant, drôle, profond, sur l’amour de soi, l’héritage familial et la résilience.

L’eczéma comme norme

J’ai toujours vu l’eczéma comme faisant partie d’un « pack sensibilité » transmis par ma mère. Physiquement j’ai de nombreuses allergies, je fais de l’asthme, j’ai de l’eczéma… Psychologiquement, je suis du genre à pleurer devant la beauté d’une fleur, à paniquer facilement et à m’énerver outre mesure devant la moindre petite injustice ou le moindre petit manque d’empathie… Pour moi, tout a toujours été lié. Je voyais ma mère avec sa sensibilité physique et émotionnelle et je me disais que j’avais reçu ça d’elle, au même titre que ses yeux bleus.

Longtemps, ce pack sensibilité m’a un peu complexée. Il me donnait la croyance profonde que j’étais quelqu’un de faible. Je me disais « Toi, dans un film catastrophe / apocalyptique, tu serais la première à y passer ». Dans les films et séries, ce n’est jamais celui qui a des problèmes de peau, d’asthme, qui est allergique à plein de trucs et qui est hypersensible, qui va sauver le monde. Au mieux, il va aider le héros à un moment donné grâce à son intelligence. Au pire, c’est le lourdaud de la bande qui se plaint tout le temps.

Heureusement, je partageais ça avec ma mère. Que ce soit physique ou émotionnel, elle me comprenait. Par rapport à l’eczéma, elle en avait énormément. Beaucoup mais alors beaucoup plus que moi. Comme elle savait que j’avais hérité de son type de peau, elle m’a appris à en prendre soin pour éviter que ça empire comme elle.

Du coup, je n’ai presque que des bons souvenirs d’eczéma dans mon enfance. C’était le truc que je partageais avec ma mère, le truc que mon frère et mon père n’avaient pas, le truc que seul elle et moi comprenions. Petite, elle me mettait ma crème en me dessinant des bonhommes sur le corps, ou en me faisant des massages, ou en me chatouillant… Quand j’avais des plaques, elle s’occupait de moi, me montrait comment faire. Quand on avait envie de se gratter, on pouvait essayer de se retenir ensemble… L’eczéma était vraiment quelque chose de normal pour moi.

Même si j’avais parfois le sentiment d’une épée de Damoclès, à me dire qu’il fallait que je fasse attention parce que ça pouvait empirer « comme maman », j’étais aussi super confiante parce que je me disais que si j’avais un problème, je n’aurais qu’à me tourner vers ma mère pour avoir des solutions.

 

faire son diagnostic de peau

1 mois pour calmer sa peau 

 

Et c’est ce que j’ai toujours fait. Depuis mes 20 ans, mon eczéma s’est intensifié, un peu sur le visage, les coudes, les cuisses et surtout sur les mains. J’ai toujours au moins un doigt qui ne va pas, qui me démange ou qui est crevassé. Parfois, je ne peux même plus plier mes doigts tellement j’ai mal et tellement ça va saigner. Mais même dans ces moments-là, je ne me rendais pas compte que ça n’allait pas. Pour moi c’était normal, ce n’était pas grave car ça restait toujours moins pire que ma mère et ça me donnait des excuses pour ne pas faire la vaisselle, ne pas faire le ménage et pour prendre du temps pour moi.

 

Le déclic

J’ai vraiment réalisé que l’eczéma était une maladie chronique en 2018.

Le déclic a été le diagnostic d’une autre maladie chronique, auto-immune : La thyroïdite de Hashimoto (soit mes anticorps qui vont attaquer ma propre thyroïde, causant une inflammation de celle-ci et pas mal de symptômes : des symptômes pas très graves mais parfois handicapants au quotidien). Parmi ces symptômes, il y a la sècheresse cutanée et le renforcement de l’eczéma si existant. C’est en cherchant des informations sur la maladie de Hashimoto que je tombe presque par hasard sur des blogs et sites au sujet de l’eczéma.

Et là, c’est le choc.

En regardant des blogs, des témoignages, des forums, je réalise que non l’eczéma ce n’est pas normal du tout en fait. Que beaucoup de gens galèrent à trouver des infos, galèrent à trouver des solutions, galèrent à vivre avec au quotidien. J’ai réalisé la chance que j’ai eu d’avoir une mère qui m’a certes passé une peau pas ouf, mais qui m’a donné tous les outils pour que j’en souffre le moins possible. J’ai réalisé tout ce que ma mère avait pu traverser : l’errance médicale, les problèmes liés à la cortisone, la fatigue, le découragement… J’ai réalisé tout ce que j’avais pu traverser : une charge mentale constante, la gestion de la douleur… C’est comme si je me repassais le film de ma vie avec un tout nouveau filtre.

Et j’ai pleuré.

Je me suis sentie tellement désolée de ne pas avoir remarqué la souffrance de ma mère, tellement désolée de ne pas avoir fait plus attention à la mienne et tellement désolée pour toutes les personnes qui ont de l’eczéma.

J’ai écrit plus haut que j’avais la croyance profonde d’être faible. Avec la maladie de Hashimoto, cette croyance s’était renforcée. Mais le jour où j’ai réalisé tout le chemin parcouru avec l’eczéma, je me suis sentie incroyablement forte. Mon « pack sensibilité » se transformait « pack sensible et super badass ».

Sérieusement : toute ma vie j’ai coupé des tomates avec des mains toutes crevassées malgré la douleur. Toute ma vie je me suis retenue de me gratter. Toute ma vie j’ai affronté des remarques du type « tes mains on dirait un zombie ». Toute ma vie j’ai vécu dans la peur d’une crise d’eczéma qui ne partirait pas. Si tout ça ne demande pas un minimum de force mentale et physique, alors je ne sais pas ce que c’est.

Je vois souvent des messages du type, « votre sensibilité est votre force ». Personnellement, j’ai du mal à voir en quoi c’est une force de pleurer et de ne pas trouver mes mots quand je voudrais exprimer ma colère. J’ai du mal à voir en quoi c’est une force de devoir me tartiner de crème. J’ai du mal à voir en quoi c’est une force de devoir faire attention à ce que je mange si je ne veux pas terminer à l’hôpital (allergie à la cacahuète bonjour) ou si je veux rester en bonne santé (alimentation anti-inflammatoire bonjour).

Par contre, aujourd’hui j’ai compris qu’être sensible ne signifiait pas être faible.

Ma sensibilité est une invitation à mieux me connaitre, à prendre soin de moi, à poser mes limites. Ma sensibilité est comme un booster de développement personnel. Sans eczéma, sans allergies, sans Hashimoto, sans émotions intenses, il y a de nombreuses questions que je ne me serai jamais posées et il y a de nombreux changements que je n’aurai pas eu le courage de faire dans ma vie.

Et ça c’est beau. Et ça c’est fort. Et ça j’en suis fière.

FACT SHEET


_ QUEL EST TON ÂGE & OÙ VIS-TU?

J’ai 26 ans et je vis à Paris.

_ QU'EST-CE QUI TE REND HEUREUSE DANS LA VIE?

Passer du temps avec les gens que j'aime, découvrir de nouvelles choses, me promener dans la nature, voyager, manger…

-QUEL EST TON MANTRA/DICTON FAVORI?

"Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir"

_ LA CHOSE QUI T'AS LE PLUS MARQUÉE ? LIVRE, OU MUSIQUE OU FILM ?

Quasiment tous les épisodes du podcast Emotions (https://louiemedia.com/emotions) et plus particulièrement celui sur "Les maladies pour la vie" que je conseille vivement ! (https://play.acast.com/s/8fb79794-2f6a-41f0-9ae1-d7766f4e4092/6aba1ecf-4ba0-4166-b04a-2849612cb775)

_ LE MEILLEUR CONSEIL QU'ON T'A DONNÉ? 

"Ne te compare qu'à toi même". C'est un conseil super bateau mais un jour il a fait tilt chez moi et m'a beaucoup aidée.

_ CE QUE TU AS ENVIE DE DIRE AUX LECTEURS DU BLOG? 

Au cas où vous en douteriez : faites-vous confiance parce que vous êtes super forts !!